Cité du Vatican, 13 mai, 2025 / 7:59 PM
L’actuel évêque de Chiclayo, au Pérou, Mgr Edinson Farfán, défend publiquement les actions de son prédécesseur, Mgr Robert Prevost — aujourd’hui le pape Léon XIV — face aux accusations selon lesquelles celui-ci aurait couvert des abus sexuels dans le diocèse.
Répondant à une question sur le sujet lors d’une conférence de presse, Mgr Farfán a affirmé : « C’est un mensonge. Il a écouté, il a respecté les procédures, et celles-ci sont toujours en cours… Croyez-moi, je suis la personne la plus soucieuse que justice soit rendue et, surtout, de pouvoir aider les victimes. »
L’évêque faisait référence aux allégations de trois sœurs qui, en 2022, avaient rencontré Mgr Prevost pour lui rapporter qu’un prêtre les avait abusées lorsqu’elles étaient mineures. Elles affirment que le prélat d’alors n’a pas ouvert d’enquête canonique efficace et que l’accusé a continué de célébrer la messe.
Mgr Farfán précise avoir accompagné les victimes présumées : « Je leur ai demandé pardon, nous avons pleuré ensemble, et elles ont sans aucun doute été bien traitées ; il existe une relation de proximité. J’espère que nous pourrons parvenir à une conclusion satisfaisante. »
Il ajoute que la procédure canonique suit son cours, assurant que « le cardinal, devenu pape Léon XIV, a été le plus réactif face à ces cas dans l’Église péruvienne ; il nous a écoutés et nous a permis d’obtenir justice. »
Le pape François avait nommé Mgr Prevost administrateur apostolique de Chiclayo en novembre 2014, puis évêque du même diocèse en 2015. Il a ensuite assumé la charge d’administrateur apostolique de Callao, également au Pérou.
Chiclayo est la cinquième ville la plus peuplée du pays, avec plus de 600 000 habitants.
Au cours de la conférence de presse, Mgr Farfán a aussi démenti que les victimes aient reçu 150 000 dollars en échange de leur silence, citant le témoignage public de l’une d’elles qui écrivait sur les réseaux sociaux : « Je suis l’une des victimes. Nous n’avons reçu aucun argent et je n’en accepterais jamais en échange de mon silence. Si c’était vrai, j’aurais au moins eu la décence de supprimer mes publications, mais ce n’est pas le cas. Vous pouvez tout voir sur mon profil. »
Religieux augustinien comme le pape Léon XIV, Mgr Farfán a été nommé évêque de Chiclayo le 14 février 2024, alors que le cardinal Prevost était préfet du Dicastère pour les évêques, l’organisme vatican chargé de la supervision et de la nomination des évêques.
Inquiétude internationale et appels à la réforme
La défense du nouveau pape par Mgr Farfán contraste avec la réaction de groupes internationaux de survivants, en particulier SNAP (Survivors Network of those Abused by Priests), qui a publié un communiqué après l’élection de Léon XIV exprimant son inquiétude quant à son bilan dans la gestion des abus, tant à Chicago, sa ville d’origine, qu’au Pérou.
Dans une lettre ouverte, SNAP reproche notamment au pape Léon XIV, alors provincial des Augustins, d’avoir permis qu’un prêtre accusé réside près d’une école primaire à Chicago et, en tant qu’évêque de Chiclayo, de n’avoir pas fait preuve de transparence ni d’action suffisante, laissant l’accusé continuer à célébrer la messe après la plainte.
SNAP exige que des mesures décisives soient prises dans les 100 premiers jours du pontificat : création d’une commission indépendante de vérité mondiale, adoption d’une politique universelle de tolérance zéro, accords internationaux garantissant transparence et responsabilité, fonds de réparations alimenté par les biens de l’Église et conseil mondial de survivants doté d’un véritable pouvoir de contrôle.
Réaction du Vatican
ACI Prensa, partenaire hispanophone de CNA, a sollicité le bureau de presse du Vatican ; son directeur, Matteo Bruni, a répondu que « cette affaire est connue depuis quelque temps et le diocèse y a déjà répondu par un communiqué assez clair ».
Ce communiqué, daté du 12 décembre 2023, rappelle qu’en avril 2022 plusieurs jeunes femmes ont porté plainte contre le P. Eleuterio Vásquez Gonzáles pour harcèlement sexuel. Le prêtre a été relevé de ses fonctions paroissiales et des enquêtes internes et pénales ont été ouvertes, mais elles ont été classées faute de preuves.
« Après réception des plaintes, le prêtre accusé a été convoqué, prié de quitter la paroisse et de cesser son ministère. Une enquête préliminaire a été initiée puis transmise au Saint-Siège », précise le texte. Le Dicastère pour la doctrine de la foi, « estimant que les accusations n’étaient pas suffisamment prouvées, a décidé de clore provisoirement le dossier (pro nunc). »
Face à la couverture médiatique ultérieure, le diocèse a rouvert l’enquête, imposé des mesures de précaution au prêtre — notamment l’interdiction d’exercer son ministère — et réaffirmé son rejet de toute conduite portant atteinte aux mineurs et aux personnes vulnérables, insistant à la fois sur la présomption d’innocence et sur sa politique de tolérance zéro.
Le diocèse de Chiclayo assure qu’il continuera, « conformément aux instructions du Saint-Siège, à mettre en œuvre des mesures de prévention et d’action appropriées pour le bien de l’Église » afin que « l’activité pastorale ne soit pas compromise par des comportements qui lui portent gravement préjudice ».
Avec la contribution de Diego López Marina et Victoria Cardiel.
Article initialement publié par ACI Prensa (partenaire hispanophone de CNA) puis traduit et adapté par CNA.
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